Cela fait depuis plusieurs mois qu’un certain nombre d’acteurs se pose la question de l’impact des ETF dans une prochaine crise financière.
Rappelons les faits : peu présents dans les portefeuilles des institutionnels et des particuliers il y a 10 ans, les ETF sont montés en puissance années après années. A tel point qu’en août 2019, pour la première fois depuis la création de la Bourse, la gestion passive, indicielle et ETF a représenté plus que la gestion « active », c’est à dire s’appuyant sur les choix de gérants (fondamentaux, hedge, technique etc).
Pourquoi cette prédominance des ETF aujourd’hui peut faire peur ?
Pour la simple et bonne raison que les ETF investissent essentiellement dans les capitalisations les plus larges et les plus liquides. Même si un certain nombre d’ETF se spécialisent sur certains segments, comme les petites capitalisations, les secteurs, certaines zones géographiques, la part du lion se fait essentiellement dans les gros indices : S&P, Nasdaq, Euro Stoxx 50.
On a donc un cercle vertueux (ou vicieux, on le verra plus tard), qui se met en place. Des épargnants et institutionnels investissent dans les ETF. Ces ETF achètent de façon systématique des grandes capi mondiales (donc essentiellement américaines). Les achats font monter les prix. Les grandes capitalisations ont leur poids qui augmentent. Les ETF doivent à nouveau investir dans les grandes capitalisations etc.
Les plus grosses capitalisations pesant de plus en plus dans les indices, un poids maximum est donné, généralement 10%. Ceci devrait permettre d’endiguer le cercle des achats. Et bien non, prenons le cas du Nasdaq. Certes les achats se sont limités pour Apple et Microsoft, mais les autres titres juste en dessous et n’ayant pas atteint le seuil maximal vont bénéficier du report des achats sur leurs actions. Et c’est Google, Amazon, Facebook, Visa etc qui vont bénéficier de ces reports, et faire monter à nouveau l’indice Nasdaq, et au final attirer de nouveaux souscripteurs d’ETF !!!!!
Bref, c’est un cercle sans fin qui se répète tant qu’il y a des souscripteurs dans les ETF. Ce qui était le cas jusqu’à ce début d’année 2020.
Le principal risque est donc qu’il y ait des sorties massives des ETF. Ces sorties amènent des ventes dans les grandes capi. Ventes qui font baisser les prix. Baisse des prix et cours qui inquiètent les particuliers et institutionnels qui continuent de vendre etc.
Donc les ETF peuvent en effet provoquer une crise financière, ce n’est malheureusement pas un mythe, et il sera donc important pour l’investisseur avisé de suivre dans les prochains mois l’évolution des entrées / sorties dans les ETF des grandes capitalisations US (et dans une moindre mesure européennes).

Un chart pour visualiser cette effet de concentration dans les indices et les ETFs, que décrit Christophe :
http://stockcharts.com/h-sc/ui?s=%24SPXEW%3A%24SPX&p=W&yr=15&mn=0&dy=0&id=p56901102875
On affiche le ratio SPX-Equal-Weight divisé par SPX, sur une longue durée.
Malgré la vague de baisse en cours, la concentration augmente encore.
Les quelques méga-caps de têtes d’indices montent plus vites que le reste de l’indice, le poids relatif de APPL, MSFT, etc. continuent d’augmenter dans le SPX.
Sur la mesure de la popularité du SPY (Le plus gros ETF, qui réplique le SPX) on peut se référer à un article de McClellan, « SPY Number of Shares Outstanding Continuing to Rise » :
http://stockcharts.com/articles/tac/2020/01/spy-number-of-shares-outstandi-267.html